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La ruée vers l’or

Notre région se situe dans la plus importante des quatre régions aurifères ardennaises : la bordure sud du massif cambrien de Stavelot au niveau des roches de l’étage gedinien. Cette zone de quelque 100.000 ha va de Waimes à la Baraque Fraiture, de Stavelot à Manderfeld.

Il semble que cet or fut exploité dès l’Antiquité mais c’est surtout à la fin du siècle dernier que « l’Eldorado ardennais » fit parler de lui. En 1875, un porion prussien, Julius Jung, venu dans la région pour y rechercher le plomb et le fer, eut son attention tirée par des chapelets de monticules échelonnés le long de nos rivières : il y vit des « haldes », résidus de vieilles exploitations minières. Ces tertres se pré- sentent sous forme d’élévations de 1 à 5 m de hauteur et dont la base peut aller jusqu’à 15 m; ils sont constitués de graviers, de galets, d’argile et des alluvions des vallées dans lesquelles on les trouve. Comme ils reposent sur une assise d’humus ou de tourbe, leur caractère artificiel est évident; d’ailleurs, on y a retrouvé des schistes perforés, des traces de charbons de bois, etc…

L’Amblève supérieure, entre Deidenberg et Ondenval, de même que la majorité de ses affluents comptaient beaucoup de ces tertres. Vers les années 1920, on recensait environ 10.000 résidus d’orpaillage en Ardenne; à l’heure actuelle, il en reste à peine 1.000. Jamais on n’y trouva des poteries, de monnaies ou de choses semblables et lorsque Jung les fit analyser et y découvrit des traces d’or, on abandonna définitivement l’idée de tumuli romains. En 1880, l’inspecteur scolaire Quirin Esser formula l’hypothèse qu’il s’agissait de résidus d’anciennes laveries d’or de l’époque romaine ou plutôt celtique. En 1895, Jung engage quelques ouvriers de la région et commence l’orpaillage des sables charriés par les rivières et il récolte ses premières pépites. Les affaires marchant bien, il s’adjoint comme collaborateur Joseph Paquay, futur bourgmestre de Faymonville. En 1896, l’Etat prussien accorde à Jung une concession de 218 ha sur les communes de Born et Deidenberg. Faut-il dire que Jung fit des émules et qu’on ne tarda pas dans la région à délaisser veaux, vaches, cochons et couvées pour se muer en chercheur d’or ? Un ouvrier y gagnait plus (entre 0,5 et 1 F) qu’en une journée de travail agricole. Plusieurs concessions suivirent pour Jung qui s’était assuré la collaboration de son fils Friedrich. Citons entre autres une concession de 22 ha sur les territoires de Schoppen et Faymonville attribuée en 1903 et une autre de la même surface attribuée en 1905 à son collaborateur Môller-Hertkamp s’étendant sur Schoppen, Faymonville et Waimes. Cependant en 1906, Jung abandonne ses travaux en raison de la difficulté à trouver des capitaux: ce n’est en effet qu’après coup qu’on s’est posé la question de la rentabilité. Friedrich relancera les travaux, mais il faut se rendre à l’évidence: une teneur moyenne de 1 à 1,5 g d’or par m3 s’avère insuffisante, même si, exceptionnellement, des chiffres supérieurs sont parfois atteints. De plus, tout travail étant impossible durant la mauvaise saison, la production annuelle était insuffisante pour assurer une rentabilité à l’exploitation.

Paradoxalement, ce n’est qu’après le déclin des activités d’orpaillage que les scientifiques, restés jusque là fort sceptiques, se penchent sur la question. Plusieurs professeur (Lohest et surtout son assistant H. de Rauw, de l’Université de Liège – ce dernier effectua même une démonstration de lavage devant des collègues à Faymonville) ne purent que confirmer l’insuffisance des teneurs en or.

A Faymonville cependant, il semble bien que la recherche du métal précieux ait duré plus longtemps qu’ailleurs puisque de 1916 à 1937,4 ou 5 ouvriers exploitaient avec un certain succès une concession à la Hasse. Mais depuis, les seules découvertes épisodiques sont à mettre à l’actif de géologues à l’exclusion d’orpailleurs « professionnels ». Tant qu’on n’aura pas découvert le lieu précis du gisement originel, il semble qu’il sera ainsi et la recherche systématique exigerait des quantités de sondages bien trop coûteux que pour tenter un hypothétique financier. Dans notre commune et à ses abords immédiats, on a trouvé des résidus d’orpaillage sur les rives de l’Amblève, entre Amblève et Ligneuville, en bordure du Rû des Fagnes, sur les bords du ruisseau de Steinbach, sur les versants de la Warchenne et de ses affluents, dont le Goldbach, entre sa source et Waimes.

La teneur en or des roches ardennaises est difficile à déterminer. En ce qui nous concerne, on ne peut que reprendre les chiffres de Jung à Montenau qui font état d’une teneur de 0,5 g d’or par tonne de résidus.

En ce qui concerne l’extraction, deux méthodes furent utilisées pour laver les alluvions de nos rivières.
La batée: c’était une cuvette dans laquelle on versait un mélange d’eau et de sable aurifère et que l’on faisait tourner comme une centrifugeuse. L’or, plus lourd, devait rester au fond tandis que les matières en suspension étaient évacuées. Cette méthode occasionnait de grandes pertes.

Le « sluice » : c’était un caisson de bois muni à sa partie supérieure d’une trémie perforée dans laquelle on déversait les sables à traiter en les soumettant à un courant d’eau. Les gros cailloux restaient dans la trémie; les particules plus petites passaient à travers les mailles de plus en plus serrées d’un tamis. A la partie inférieure se trouvaient deux plans inclinés formant cascade; sur le fond de ceux-ci étaient fixées des réglettes destinées à retenir les pépites. Cet appareillage pouvait atteindre 10 m de long.