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Jean Godescalc ou de Gueuzaine

Il est né vers 1360 dans une famille de terriens aisés de Gueuzaine. Son père Henkin Godescalc avait épousé une fille de Thomas d’Arimont, ce qui le situe dans la petite noblesse du pays.

Son nom apparaît sous diverses formes : Jean Godescalc van der Heiden ou encore Jean de Breire pour citer les plus usuelles. Prêtre séculier, il devint professeur et recteur de l’école de l’abbaye de Stavelot.

Devenu moine, il va gérer les finances de l’abbaye à la satisfaction de tous; on lui reconnaît « une fidélité, une sagesse et une habileté rares ». Aussi est-ce tout naturellement que les moines le choisis- sent en 1417 pour remplacer Henri de Visé qui venait de mourir. La situation financière de l’abbaye est extrêmement précaire. Les incursions guerrières des seigneurs de Montjoie avaient provoqué une guerre ruineuse entre la principauté et la seigneurie, conflit qui s’était terminé à l’avantage du seigneur et au détriment de l’abbé Walran de Schleiden qui dut, ainsi que son successeur Henri de Visé, engager des prés, des rentes, des cens et des biens du monastère. Si bien que l’abbaye n’était plus en mesure d’assurer la subsistance de nombreux moines. Jean de Gueuzaine continuera la politique de ses prédécesseurs et aliénera et engagera de nombreux biens.
En 1421, il engage la Mairie de Malmedy à Jean Borgnar de Rue et la Mairie de Filot à Henri de Rahier.
En 1423, il engage les dîmes de Waimes et de Géromont à Jean et Guillaume de Rue et les dîmes, cens et revenus de l’abbaye à Ster et Francorchamps à Gré- goire de Sart.
En 1427, il engage le tiers de la dîme de Lincé, et, deux ans plus tard, la seigneurie de Lincé.
En 1427, il engage à Erard de la Marck, pour 4.000 florins, la forteresse et la sei- gneurie de Logne. La même année, le cha- pitre de Stavelot vend divers biens situés sur la Moselle.
De toutes ces engagères, c’est celle de Logne qui sera, beaucoup plus tard, amèrement reprochée à Jean de Gueulaine. C’est en effet de Logne que les de la Marck purent impunément ravager le pays pendant une cinquantaine d’années.
Disons enfin que pour mettre fin à cette épidémie d’engagères, les moines de Stavelot se virent retirer leurs sceaux par l’évêque de Liège pour les confier à l’abbé de Saint-Laurent. Ils ne les recouvreront qu’en 1460.

Sur ces engagères, les biographes de Jean de Gueuzaine divergent profondément. Pour les uns, Jean de Gueuzaine se trouvait face à une situation financière désastreuse du fait des guerres et de la gestion pitoyable de ses prédécesseurs. Pour les autres, Jean de Gueuzaine menait un train de vie démesuré, s’entourant d’une cour de gentilshommes, multipliant cavalcades, joutes et festins, dilapidant
des fortunes pour ses favoris. Il est difficile de faire la part du vrai dans ces accusations car lorsqu’en 1421 les moines présentèrent une requête au pape Martin V pour déplorer l’état pitoyable du monastère, aucune plainte ne s’éleva contre l’abbé. L’abbé Berthold de St-Hubert qui mena l’enquête conclut au bien-fondé de la requête mais n’incrimina absolument pas Jean de Gueuzaine. Il faut aussi rappeler que les engagères ne pouvaient guère se faire qu’avec l’accord du chapitre de Stavelot.

En 1430, Jean de Gueuzaine érigea une seigneurie et une Cour de Justice à Reinhardstein en faveur de Jean de Zivelle et de ses descendants. Ce faisant, il créait une source de revenus pour le monastère, les seigneurs de Reinhardstein étant astreints à payer les reliefs du titre.

Jean de Gueuzaine participa également en 1422 au chapitre général de l’ordre de Saint Benoît réuni par Otton, archevêque de Trèves, pour réformer la discipline dans les abbayes.
En 1425, il obtint de l’empereur la confirmation de l’exemption de tonlieu (droit de transport de marchandises) pour tout l’empire au profit des monastères.
En 1430, il fait publier un grand record touchant le droit de main-morte qui lui donnait le droit de prélever, lors du décès d’un homme de fief, la meilleure bête de l’étable ou le meilleur meuble de la maison.
C’est également sous Jean de Gueuzaine qu’en 1435, les églises de Bellevaux et de Waimes seront détachées de l’église de Malmedy et érigées en chapellenies.

Jean de Gueuzaine mourut le 8 août 1438.

Faute de ressources pour lui élever un monument, il fut enterré dans le tombeau de Gilles de Fauconpierre, mort en 1307. Pour ajouter encore à la confusion qui entoure Jean de Gueuzaine, rappelons qu’il fut le seul abbé à figurer dans la liste des bienfaiteurs d’un obituaire de la fin du xve siècle.
Pour le reste, des archives trop rares ne permettront sans doute jamais de faire la part de vérité dans les accusations portées contre lui.